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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/73

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— 1800 - 1807 —

les Bourbons et lui ; l’occasion venue, sa réponse, comme on le verra, fut terrible.

Les craintes exprimées par les princes, dans le dernier paragraphe de leur protestation, reposaient sur des actes qui leur donnaient une grande apparence de fondement. Bonaparte venait de se faire nommer Consul à vie. Cette souveraineté viagère laissait encore le trône vacant, mais elle en rapprochait le nouveau dignitaire : encore un pas, et il y montait. Les amis du comte d’Artois le décidèrent facilement à rechercher les moyens d’empêcher l’accomplissement de cette espèce de sacrilège ; mais, au lieu d’en appeler à son épée, ainsi qu’il l’avait si solennellement promis, ce prince s’en remit, pour conjurer le péril, aux efforts désespérés de quelques-uns des émigrés et des chefs chouans encore attachés à sa fortune. La gouvernement anglais, le 18 mai 1803, avait de nouveau déclaré la guerre à la France ; il vint en aide au frère de Louis XVIII en mettant à sa disposition plusieurs navires, en lui fournissant des armes ainsi que des sommes assez considérables ; et ce fut grâce à ces subsides que, les 2 fructidor an XI (20 août 1803), 30 frimaire et 25 nivôse an XII (21 décembre 1803 et 15 janvier 1804), Georges Cadoudal, chef de la chouannerie bretonne, qui s’était retiré en Angleterre immédiatement après l’arrestation de Saint-Réjant et de Carbon ; les trois accusés coutumaces, complices de ces derniers, Picot-Lemoëlan, Coster-Saint-Victor et Joyau ; quinze à vingt autres chefs chouans, ainsi que le marquis de Rivière, les deux frères Armand et Jules de Polignac, et le général Pichegru, réfugié à Londres après s’être échappé de Cayenne, où l’avait déporté le Directoire au 18 fructidor, débarquèrent, la nuit, sur les points les plus déserts de la côte de Normandie et de Bretagne. Deux de ces débarquements eurent lieu au pied de la falaise de Béville, immense berge taillée à pic et dont les conjurés ne purent atteindre le sommet qu’à l’aide de cordes tendues et manœuvrées par des complices ; le troisième débar-