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Page:Vautier, Frandin - En Corée, 1905.pdf/39

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EN CORÉE

sonorité. Ce tapage, pourtant, est rythmé, et, parvenu dans la cour où il se produit, j’aperçois un spectacle dont mes yeux restent ravis, si mes oreilles le sont peu.

Adossés aux murailles d’une cour exiguë, les musiciens (?) frappent, les yeux fermés, sur leurs instruments, accompagnant la danse d’une femme aux vêtements flottants de gazes multicolores, dont les miroitements, à la longue, donnent un vertige. Cette femme tient d’une main un éventail ouvert, de l’autre une baguette. Les bras légèrement recourbés, le buste renversé, elle tourne sur elle-même avec une grâce grave, et son lent mouvement de rotation s’accomplit dans un cercle restreint qui semble infranchissable.

Je suis, dès longtemps, initié au sens panthéiste des danses de l’Orient, et je comprends bientôt que je vais assister à une scène d’incantation.

En effet, dans la maison où j’arrive, il y a un malade, et la moutan — ou sorcière — exorcise l’esprit malin incarné dans le corps du patient.

Le Coréen (peut-être est-il logique) ne prie que le Malin.

Pourquoi invoquerait-il le Parfait, l’être de toute bonté ?