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Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/36

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POLLUX


L’homme qui se sent fort, n’a souci d’aucun blâme
Et va, droit devant soi, sous les grands cieux hagards,
Avec sa volonté implacable pour guide :
Ton bonheur te regarde et tu devrais savoir…


CASTOR


Je sais, je sais ; mon cœur comprend et s’élucide
Et ce que je redoute est peut-être un devoir ;
D’ailleurs, si ce n’est moi, qui sauverait Hélène
Des étreintes d’un roi qui ne peut plus l’aimer
Et dont les mornes bras se nouent comme des chaînes
Autour de son corps triste et de ses flancs fermés ?
Un tel amour n’est plus qu’erreur et qu’imposture.
Il outrage, il flétrit, il insulte les Dieux.
Hélène en doit sentir la honte et la souillure
Marquer sa chair superbe et sa bouche et ses yeux.
Oh ! les nuits d’épouvante et d’effroi sous les astres
Oh ! la nocturne horreur de ces embrassements
Qui appellent sur eux la mort et les désastres…