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Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/64

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Et me foule, et m'entraîne et m’affole toujours !
Et voici que je sens rugir en moi l'amour
Et que je pleure et crie et que je meurs et t'aime.


HÉLÈNE


Tu repousseras loin, bien loin, hors de toi-même
Comme une meute ardente et sauvage de loups,
Comme la peste et la mort, ces désirs fous
Qui jusqu'au fond de nous, t'outragent et m'outragent.


ÉLECTRE


Non ! non ! je ne puis plus, je ne puis plus ! Ma rage
Passe, vole et bondit, plus loin que ma raison
Je bois avec délice un étrange poison
Qui coule et se répand en ma chair torturée :
L'ombre circule en moi : je suis fille d'Atrée.
Pour venir, sous tes yeux, te crier mes transports,
J'ai rejeté ma honte et renié mes morts ;
Je n'ai pas écouté ce qu'ils disaient sous terre.
Hélas ! je foule aux pieds leur cendre solitaire