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Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/70

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Il se fait vieux ; il a souffert ; sa force cède ;
Quand sa nef approcha des pays doriens
Et que ses yeux mouillés regardaient ces montagnes
Je me jurai de ne le plus troubler jamais.
Je veux qu'un amour sûr désormais l'accompagne
Et qu'il m'ignore, afin que sa vie ait la paix.
C'est vers vous que s'en vient, dans sa détresse, Hélène,
Vous qui m'avez connue et qui ne m'aimez pas.


POLLUX


Certes, j'ai mes desseins : je sais quel chemin mène
Jusques au but marqué vers où tendent mes pas ;
Néanmoins, ne crois pas que mon âme soit morte ;
Je ne puis regarder en silence tes yeux ;
Mais j'ai la volonté si allègrement forte
Que tout mon cœur se tait, quand mon orgueil le veut.


HÉLÈNE


J'ai confiance en vous ; d'ailleurs, en qui l'aurais-je ?
En qui puis-je l'avoir si vous m'abandonnez,
Si les mots que j'entends ne sont que leurre et piège.