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Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/119

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À travers le sauvage ou torpide océan !
Ô ces forêts à fond de cale, ô ces carrières
Que transportent le dos ployé des lourds wagons
Et ces marbres dorés plus beaux que des lumières
Et ces minéraux froids plus clairs que des poisons,
Amas bariolé de dépouilles massives
Venu du Cap, de Sakhaline ou de Ceylan,
Autour de quoi s’agite en rages convulsives
Tout le combat de l’or torride et virulent !

Ô l’or ! sang de la force implacable et moderne ;
L’or merveilleux, l’or effarant, l’or criminel,
L’or des trônes, l’or des ghettos, l’or des autels ;
L’or souterrain dont les banques sont les cavernes
Et qui rêve, en leurs flancs, avant de s’en aller,
Sur la mer qu’il traverse ou sur la terre qu’il foule,
Nourrir ou affamer, grandir ou ravaler,
Le cœur myriadaire et rouge de la foule.

Jadis l’or était pur et se vouait aux dieux.
Il était l’âme en feu dont fermentait leur foudre.