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Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/161

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Eau lucide que nulle ombre ne vient ternir,
Vous devenez moi-même étant mon souvenir.

Ma vie, infiniment, en vous tous se prolonge,
Je forme et je deviens tout ce qui fut mon songe ;
Dans le vaste horizon dont s’éblouit mon œil,
Arbres frissonnants d’or, vous êtes mon orgueil ;
Ma volonté, pareille aux nœuds dans votre écorce,
Aux jours de travail ferme et sain, durcit ma force.

Quand vous frôlez mon front, roses des jardins clairs,
De vrais baisers de flamme illuminent ma chair ;
Tout m’est caresse, ardeur, beauté, frisson, folie,
Je suis ivre du monde et je me multiplie
Si fort en tout ce qui rayonne et m’éblouit
Que mon cœur en défaille et se délivre en cris.

Ô ces bonds de ferveur, profonds, puissants et tendres
Comme si quelque aile immense te soulevait,