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Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/38

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Et des captifs suivaient traînant aux pieds leurs fers,
Des chevaux hennissaient vers les gloires sanglantes,
Des chars se hérissaient d’armes étincelantes
Et des soldats casqués marchaient, le torse droit,
Devant le Sphinx qui regardait l’âpre poussière
Que soulevait leur pas sur le chemin des guerres,
Monter et retomber, devant ses yeux sans foi.

— Notre-Dame des Vieux Empires,
Dites, quel geste immense et fulgurant
A projeté vers vous l’orgueil et le délire
Des conquérants ?

— Ils se nommaient Ramsès, Sargon, Cyrus, Cambyse.
Leur glaive éblouissait le monde, à coups d’éclairs,
Et les villes d’orgueil, sur leurs siècles assises,
Soudain sentaient fléchir leurs murs aux émaux clairs
Et leurs stèles de pierre où l’on sculptait les astres.
Aubes de sang, soirs de flamme, nuits de désastre !