Aller au contenu

Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Regardez bien ses yeux : la vie en est profonde.
Sous la ténèbre, au front du Golgotha, un jour,
Ils seront doux et clairs jusque dans l’agonie.
Son cœur est un jardin de douceur infinie
Où, sous la vigne en sang du plus suprême amour,
S’en viendront reposer saint Jean et Madeleine.
Il sera le soleil rayonnant sur les peines,
Le doux berger soignant ses plus humbles agneaux,
L’homme errant et seul qui vient guérir les maux,
Alors que plus personne, au soir tombant, ne passe
Par les chemins perdus des âmes qui sont lasses.

— Depuis que son beau front des ténèbres a jailli,
Une flamme nouvelle a brûlé l’infini.
Dans l’Inde, au temps des Bouddhas clairs et des ascètes,
Des lèvres d’or ont bégayé ce qu’il dira ;
Lui seul pourtant, avec son cœur, prononcera
Pour les chrétiens futurs la parole complète ;
L’ère attendue est là de la toute bonté,
De la candeur ardente et du tendre silence,
De la bonne prière et de la vigilance,