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Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/68

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L’œuvre nouvelle à peine illuminait les yeux,
Qu’une autre encor aussi puissante et aussi claire
Montait d’en bas, vers la splendeur solaire ;
Toutes tremblaient dans le brouillard doré des cieux,
Ramifiant jusqu’au zénith leurs harmonies,
Puis s’en allant et s’écroulant,
Ténébreuses et solitaires,
À mesure qu’apparaissaient sur terre,
De nouveaux abstracteurs et de récents génies.

Ô ces luttes là-haut entre ces dieux humains !
Et quel fervent éclair ils lançaient de leurs mains,
Quand leur vaste raison, héroïque et profonde,
Saccageait l’infini et recréait le monde !
Ils tressaient le multiple et ses branches dardées
En guirlande innombrable, autour de leur idée ;
Et le temps et l’espace, et la terre et les cieux,
Tout se nouait, avec des liens judicieux,
Depuis l’humble vallon jusqu’aux ardentes cimes,
De bas en haut, à chaque étage des abîmes.