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Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/26

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Je bêche un champ que le gel rape
Je cultive des prés que les sorts frappent
Ce que mon père avait amassé, liard à liard,
Ce qu’il avait serré, caché, terré, comme un avare,
Je l’ai perdu, je l’ai mangé…
J’ai supplié mes fils : ils m’ont grugé ;
Ils se sont engloutis dans la ville profonde ;
Ils ont voulu la vie infâme et inféconde ;
Les bourgs et les hameaux sont morts :
Oppidomagne en a brisé l’effort,
Oppidomagne en a tari le sang ;
Et maintenant,
Voici que, sur les clos et les arpents,
Se ramifient toutes les maladies
De l’eau, du sol, de l’air et du soleil !

UN PAYSAN


Vos deuils sont les nôtres. Nous sommes tous aussi
misérables…

LE PÈRE GHISLAIN


Lorsque j’étais enfant, on fêtait les semailles,