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Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/58

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CLAIRE


On t’envoie l’arriéré du compte.

Tirant un billet de sa poche :


Regarde. Ton dernier livre s’est répandu partout.

HÉRÉNIEN, (examinant l’écrit)


Faut-il qu’on me lise et qu’on me discute dans le monde ;
et qu’on ait soif et faim de ma justice !

Il dépose la lettre sur la table et ouvre la fenêtre…
S’approchant de Claire :

J’ai songé à nous, pendant ces simples et intimes funérailles. J’eusse aimé te sentir auprès de moi, quand la bière s’engouffrait dans la terre ! Mon cœur était si torturé, si plein de tendresse retenue, si muré en moi-même ! Que n’avais-je tes mains dans les miennes pour y imprimer la moitié de mon deuil !

Il lui prend la main.

Tu es vraiment ma douce et ma vaillante, toi ! Tu me connais ; tu me devines ; devant toi seule, j’ose être sans