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Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/103

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Il a chanté encor
Le bûcheron alerte et fort
Qui s’enfonce sous bois pour reprendre sa tâche
Et dont reluit soudain dans les massifs vermeils,
En plein soleil,
La hache.

Il a chanté d’un gosier ferme et plein
La charrue entaillant les glaises violettes,
L’homme aux bras durs qui bêche et qui halète,
Et sa femme à genoux qui bine un champ de lin ;
Il a chanté, et maintenant il chante
La sieste de midi sous les branches penchantes ;
L’horizon doucement par les vents secoué ;
Les longs troupeaux en marche à travers route et plaine
Dont les dos inégaux et mouvants sous la laine
Apparaissent au loin comme un champ remué ;
Son rythme vit et fait trembler les vieux villages
Du quadruple galop d’un volant attelage ;