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Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/34

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À ceux que l’hiver grisâtre
A fiancés au coin de l’âtre
Et leur prêtent pour qu’ils s’aiment dans le mystère
L’ombre immense qu’elles allongent sur la terre.

Ils s’en viennent chacun par un chemin à soi,
Longeant les clos jusqu’à la plaine,
Et leurs pas sont pressés dès qu’ils quittent leur toit
Et courte et brusque est leur haleine.

Ils sont déjà l’un à l’autre, bien que leurs pas
Soient encore loin des grandes meules
Ils se tendent leurs cœurs ; ils se tendraient leurs bras
S’ils étaient seuls sur les éteules.

Et quand ils se sont joints, ils s’étreignent si fort
Qu’on dirait deux gerbes de paille
Qu’un large poing serre entre elles, et noue et tord
Autour des cornes des aumailles.