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Page:Verhaeren - Les Flammes hautes, 1917.pdf/123

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Mais qui montaient et grandissaient et s’exaltaient
Et déployaient déjà sur le ciel incarnat
Les aigles larges de l’Empire.

L’océan tout entier semblait porter leur poids
Et les jeter de flots en flots jusqu’à la côte.
L’œil distinguait bientôt et les vergues en croix
Et le tillac bombé sur la carène haute ;
Une sirène d’or se dressait à l’avant ;
Les cordages sifflaient sous les lèvres du vent ;
On entendait chanter un mousse dans les voiles ;
Les navires soudain modéraient leur essor
Et, le môle franchi, s’ancraient au fond du port,
Dans un coin d’eau où scintillaient des feux d’étoiles.

Ils y dormaient, lassés et lourds, toute la nuit,
Écoutant, sous le ciel, les chansons journalières
Que chantent dans les tours les cloches familières,
À ceux qui de loin s’en reviennent au pays.