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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/100

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Passèrent
Jusques au jour, où l’on planta,
Sur des buttes de sable ou de graviers en tas,
Les phares
Sonnant au loin les feux en or de leurs fanfares

Le visage des nuits en fut illuminé.
Les rocs et les courants,
Tels des cornes ou des torrents,
Apparurent, sur les ténèbres profanées,
De réguliers éclairs trouaient l’immensité,
L’ombre morte se reprenant à vivre,
Les vaisseaux noirs que l’étendue enivre
Partaient pour la conquête, avec sécurité,
L’homme luttait encor, mais non plus en aveugle,
L’espace où le flot mord, où le vent meugle,
Le regardait, avec des yeux fixes d’éclat,
Les eaux pouvaient noyer la quille entière,
Mais dans les voiles et dans les mâts,
Passaient et repassaient des gestes de lumière.

Les étoiles mortes, une clarté plus sûre
Accompagnait le mors-aux-dents vers l’aventure ;
La terre aimée apparaissait au loin,