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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/123

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Elle était fraîche et douce ;
Belle comme un fruit qui luit,
Rouge, sur le coussin des mousses,
L’ombre tombait des saules,
Feuille à feuille, sur ses épaules,
Et ses doigts clairs cherchaient à la saisir ;
Elle criait et s’oubliait en son plaisir
D’être, dans l’eau et le soleil, perdue.

Elle était bonne et amicale
Et toute au clair de sa gaieté dominicale.

Du haut de sa chapelle, suspendue
Aux peupliers, la petite vierge Marie
La regardait jouer dans l’eau fleurie,
Et n’ayant peur de sa tranquille nudité
Lui dit en se penchant de son côté :

« Naïve et frêle enfant de l’eau, des fleurs, des branches,
C’est toi la pure, c’est toi la franche,
Le ruisseau blanc qui s’écoule vers toi,
C’est le baptême vrai que je t’envoie.
J’aime ton corps doux et béni,
Comme celui de mon Jésus,