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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/129

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Les ténèbres ferment mes yeux
Avec leurs mains douces et noires ;
Voici la paix, voici les gloires,
Voici le flottement joyeux
Du rêve et du sommeil sur ma mémoire.

Encore un jour, ce jour ! où mon front fut le maître
Et l’empereur de l’univers qu’est tout mon être,
Où tous mes sens ont pu saisir
Le faisceau roux de mes désirs
Et les porter, comme des glaives,
Devant ma volonté, dans la lumière.

Le printemps luit de grève en grève ;
L’idée est fraîche, ainsi qu’une flore trémière ;
L’esprit la voit grandir ; on pense large et clair
Comme la mer ;