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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/135

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Monuments noirs carrant leur masse, en du brouillard !
Le naphte en torches d’or y brûle au fond des caves ;
Des corps mi-nus, des torses roux, des bras hagards,
S’y démènent, parmi les poix, les plombs, les laves
Dont les rouges ruisseaux brûlent les os du sol.
Le clair effort humain, vers la rage, y dévie ;
Le vice et la vertu s’y nouent, en des viols
Si terribles qu’en tremble et qu’en pleure la vie ;
Aubes, midis et soirs ne s’y distinguent pas ;
Et le soleil, telle une plaie envenimée,
Tache le ciel et saigne et suppure, là-bas,
Sous des loques de feu, de suie et de fumée.

Lieux sinistres ! Et néanmoins tout y paraît
Capté dans l’ordre et le devoir, comme en des rêts ;
Le crime est régulier, précis, mathématique ;
La loi l’instaure et les vieilles dialectiques
Le défendent, en leurs livres, dès qu’il le faut.