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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/46

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Rompre, la peur aux reins, leurs bataillons pantois.
Leur confiance, en un instant, se désagrège ;
Tout leur paraît erreur, surprise, astuce et piège ;
Des cris de lâcheté partent on ne sait d’où ;
Et l’on n’entend plus rien, dans le soir fou,
Que des plaintes, des pleurs, et des rages crispées
Et la fuite, sous les épées.

Aussi s’érige-t-il dans l’amour et l’effroi.
Perdre, servir, créer ou détrôner les rois
Sera son rôle, à moins qu’il ne soit roi lui-même.
Son front sacré par tous peut dédaigner le chrême
Et les prêtres mitrés et les autels vermeils,
Toute sa vie enveloppe de son mystère
La terre
Ainsi que le soleil ;
Le monde meurt, et puis renaît, sur son passage ;
Comme Civa, il renouvelle en détruisant ;
Et son ombre descend les escaliers des âges,
Foulant aux pieds des fleurs et des caillots de sang.