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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/62

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Et des projets de fuite ou de meurtre rapides
Tentent mon cœur fol ou stupide !
Je te quitte ; je te reviens ;
Tes paroles changent le mal en bien ;
Tu t’expliques et je me crois coupable.
Ô nos deux cœurs blessés, nos âmes lamentables,
Et tant de cris, pour n’aboutir à rien !

— Prends patience, ami ! un jour, peut-être,
En m’adorant plus fort encor, tu comprendras ;
Ce que tu ne sais pas, ce que tu dois connaître,
Je te l’apporte entremêlé et trouble, entre mes bras ;
Tu hésites, à l’heure où j’exulte de vivre,
Tous les désirs divers également m’enivrent
Et je les suis, mon âme au vent, sans savoir où.

— Que n’ai-je en moi la meute en feu des désirs fous
Et leur démence au lieu des doutes et des scrupules !
Ô les raisons que mes angoisses accumulent
Et que scrutent ma peur et mon esprit tendus,
Et que je hais d’autant que je tes sens meilleures !
Je veux l’éternité et je m’arrête aux heures,
Où le cœur se reprend après s’être perdu.
Je discute le sens de tes paroles rouges