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Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/130

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Terreur brandie et panique soudaine.
Oh ! ces hameaux perdus, là-bas, au fond des plaines !
Leur sol crevé n’est plus qu’un écheveau d’ornières
Courant, noué ou dénoué, vers les rivières ;
Terres et cieux sont confondus à l’horizon ;
L’eau flagelle les murs et racle les maisons ;
Tout tremble et pleure et geint et craque et se disloque ;
Le jour a disparu sous des voiles de nuit ;
La foudre au sud, au nord, déchire l’infini
Comme une loque.

Et dans les clos, la peur augmente encor ;
Du milieu de la cour, les fumiers d’or
Débordent.
Un étalon s’est détaché, rompant sa corde ;
L’œil phosphoreux
Des chats peureux
Brille sur les armoires ;
Le porc se pelotonne au creux de sa mangeoire ;
Là-bas, au coin du bois,

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