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Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/82

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Avec un gros bouchon fixé
Prudemment à leur pointe.

Et vous allez, ainsi, vers les lointains pays,
Au delà de Quiévrain, de Reims et de Paris,
Dans la Beauce ou la Nièvre,
Vivre aux abois,
Pendant trois mois
De hâte et de labeur, de sueur et de fièvre.

Mieux que d’autres, vous abattez les vieux travaux.
Frustes mais durs, lents mais têtus, lourds mais dispos,
Vos corps, dès le matin, s’arcboutent et puis cognent
Le mur quotidien des compactes besognes,
Et chaque soir, quand les ombres prennent leur vol,
Un large pan de travail fait gît sur le sol.

Même les dimanches, au bruit battant des cloches,
Vous engrangez quand même orges, seigles, froments,
Et semaine à semaine, on vous solde dûment
La paie au reflet d’or qui s’amasse en vos poches.