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Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/88

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Le vieux meunier vit calme et lent,
En ses sabots de bouleau blanc ;
Son dos compact se bombe en voûte,
Mais son oreille est fine et l’on dirait
Que son regard, même distrait,
Toujours, là-bas, du côté de la route,
Reste aux écoutes.

L’essieu criard, comme un oiseau de nuit,
Dans le sommeil profond des campagnes muettes,
Roulent, de tous côtés, vers lui,
Les gars campés sur leurs charrettes.
Ils arrivent des horizons d’Escaut
Et des fermes droites, là-haut,
Près des digues jaunes ou grises ;
Ils arrivent, par les chemins blottis
Dans les sablons de Locristy
Et les bas-fonds de Hamme et de Tamise.

Du haut de sa lucarne en bois,
Le bon meunier les aperçoit
Et d’un mot preste les aborde ;