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Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/117

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Il le menait comme un navire
Dont les grands mâts ornés de pavillons battants
Étaient sa volonté que blasonnait son verbe ;
Toute sa force avait gréé l’œuvre superbe ;
Les focs ardents, la proue en or, les haubans clairs
Et les voiles, d’espace inassouvies,
Étaient sa vie,
Quand ils envahissaient de leur splendeur la mer.
Or, à cette heure belle où planait sa victoire,
Sans même soupçonner ce qu’il fallut d’orgueil,
De souple audace et de gestes contradictoires
Pour ruser avec l’eau et tourner les écueils,
Quelque pâle rêveur,
Que tous ses ennemis accueillaient en sauveur,
Soudainement attaquait son ouvrage
Au nom d’une justice imprévue et sauvage.

Déjà
Au-dessus de la ville et des plaines, là-bas,
Vibraient de tous côtés les fils télégraphiques
Pour divulguer l’attente et la terreur publiques.