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Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/104

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Ô leur savoir malicieux,
Et leurs gestes mystérieux,
Et ce qu’il faut de temps et d’heures
Avant
Qu’un foyer clair, entre leurs doigts fervents,
Ne meure !
Ils étaient dix, les voici cinq ; ils restent trois ;
Et de ceux-ci, le moins adroit,
Malgré les cris et les disputes,
Se lève et déserte la lutte.
Enfin, les deux plus forts, les deux derniers,
Un corroyeur, un batelier,
Barbe roussâtre et barbe grise,
Le cœur ardent et sûr, se maintiennent aux prises.
 
Et c’est alors un unanime enfièvrement :
On se bouscule et l’on regarde
Ces deux maîtres restant superbement
Calmes, parmi la foule hagarde,
Et qui fument, et se taisent jusqu’au moment,
Où tout à coup, celui de Flandre
Tâtant du doigt le fond du fourneau d’or,
Pâlit, en n’y trouvant que cendres ;