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Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/17

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Massifs et violents, exorbitants et fous,
Ils demeurent encor, parmi les villes mortes,
Debout,
Alors qu’on n’entend plus les chefs et leurs escortes,
— Sabres, clairons, soleil, lances, drapeaux, tambours —
Rentrer par les remparts et passer les faubourgs,
Et revenir, comme autrefois, au cœur des places,
Planter leur étendard qui déchira l’espace.

La gloire est loin et son miracle :
Les archanges qui couronnent le tabernacle,
Comme autant d’énormes Renommées,
Ne sonnent plus pour les armées ;
Avec prudence, on a réfugié
L’emblématique et colossal lion
Dans le blason de la cité ;
Et, vers midi, le carillon,
Avec ses notes lasses,
Ne laisse plus danser
Sur la grand’place
Et s’épuiser,
Qu’un petit air estropié.