Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/68

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Tandis qu’assise à la fenêtre basse,
La maîtresse de la maison
Surveille, interroge, clabaude
À langue chaude
Et brûlante comme le fer sur les tisons.

Et les nouvelles de la ville
Défilent,
Et tous les voiles des ménages
Du voisinage
Sont soulevés férocement ;
Et l’on suppute, et l’on affirme, et l’on dément ;
Les maîtresses, aux airs de duègnes,
Pour mieux savoir
Feignent
D’abord de ne rien entrevoir ;
Mais les servantes les renseignent,
Flairant le mal dans tous les coins,
Prenant le ciel et la vierge à témoins,
Et tout à coup crispent le poing,
Là-bas, vers quelque rogue et farouche adversaire.
Et maîtresses et servantes, bientôt d’accord
Sur tous les vols dont l’échevin retors,