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Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/98

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Les faits quotidiens, les gestes réguliers,
Et les motifs d’amour, et les causes de haine,
Et ce qu’on dit aux cabarets, chaque semaine,
Et ce dont les vieillards parlent à leurs foyers,
Vous le solennisez au soir et à l’aurore ;
Et les alleluias du prêtre et du bedeau,
Tout se fond et grandit dans la forge sonore,
Dont vos battants d’airain sont les brusques marteaux.

Ô chants de bronze et d’or, qui éclatez sans nombre,
Sur les tracas mesquins et les desseins futiles,
Et les pauvres soucis et les soins infertiles,
Des minimes cités qui se meurent dans l’ombre,
Quand donc vos sons puissants et clairs publieront-ils
Quelle âme neuve et profonde
Émeut le monde ?