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Page:Verhaeren - Parmi les cendres.djvu/85

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nes se sont tues et semblent n’avoir plus ni respiration haletante, ni souffle embrasé. Mais nul ne les croit mortes. Sitôt la guerre finie, elles se ranimeront comme des monstres merveilleux. Quel que soit le poids de la cendre qui les recouvre, il paraîtra léger à leurs mille tentacules qui, tous, s’étireront et se noueront dans la lumière renouvelée.

Nous serons jeunes et prompts, comme jamais. Jusqu’à ce jour, le danger n’avait point encore visité notre nation. Nous étions trop sûrs du lendemain. Nous vivions comme des gens riches qui ignorent ce qu’est la détresse. La guerre, à nos yeux, c’était l’affaire des autres.

Elle est venue vers nous, formidable et féroce, au moment où nous n’y