Aller au contenu

Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Aussi le soir qu’il la choisit pour sa compagne.

C’était près du foyer, dans la maison ;
Il prit deux beaux tisons
Tout coruscants de feux et d’étincelles ;
Il les unit et la flamme fidèle
Les envahit et lentement les consuma.
Elle comprit et lui abandonna,
Dès ce jour-là,
— Fleurs nouvelles, fleurs mortelles —
Tout ce qu’une fille puissante et blonde

Pouvait donner de joie et de jeunesse au monde


Ils vécurent, superbement,

Avec leur chair, avec leur sang,
Avec leur âme et leur promesse.
C’était un couple ardent, et les kermesses
En étaient fières ;
Et ceux de leur bruyère
Citaient leur nom et l’arboraient
Comme un orgueil, lorsqu’on parlait, au cabaret,
Des garçons francs et des filles accortes.
Oh ! La bande de grands désirs fougueux,
Mais qui se dispersa comme un vol d’or aux cieux,
— Branches tortes, branches mortes —
À l’heure où les corbeaux des destinées
Descendirent, nombreux et noirs,
Dans le jardin des frais espoirs

Casser la plante en fleur de leurs années.