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Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/68

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Ses mots salés les fondaient en délices :

Elles riaient de joie et se tapaient les cuisses
À l’entendre narrer les fredaines
Du légendaire capitaine

Qui cultivait des fleurs aux plis de sa bedaine.


Miserere, Miserere !

Tant qu’il vécut, l’authentique levure
De paillardise et de mâle aventure,
Enfla les seins et bossua les bras,
De l’un à l’autre bout des pays gras.
Il allumait les tragiques kermesses,
Avec le feu des ruts, avec l’huile des graisses
Et l’on riait de ceux
Qui le jugeaient au fond morose et malchanceux,
Et pauvre et triste,

Et miséreux, comme un saint Jean-Baptiste.


Il trépassa, tel soir de fête
Quand s’ameutaient au loin la danse et ses tempêtes.


On enfouit profondément son corps,

Mais, chaque année, au jour des morts,
Miserere sortait de la terre bénite

Pour célébrer le deuil, suivant son rite.


Un échevin rentrant fort tard chez soi,
L’avait surpris, livide et froid