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Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/82

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Avec les dents méchantes de son masque,

Seul l’excite le rut si fortement tordu,
La nuit, qu’il n’est plus rien que linges flasques

Séchant à l’arbre, après l’orage et les bourrasques.


« Oh ! la canaille, oh ! la damnée !
Avec ses rages effrénées ! »


Armenz Van Kelle est un fermier,

Planté, dans la santé,
Comme un pommier,
En des vergers superbes.
Ses dix enfants sont frais comme ses herbes ;
Sa femme est douce et obstinée
Et tient, d’un poing tranquille et fort, sa maisonnée.
Lorsque chez eux, le mauvais sort entra,
Les neuvaines l’y suivirent pendant des mois,
Mais quoi qu’on fit, le mal s’accrut et s’empira
Si bien que, malgré soi, l’homme pantois

Un soir, s’en vint trouver la sournoise sorcière.


Elle accueillit sa peur et sa prière.

« C’était pas vrai ce qu’il croyait ;
Elle qui tant l’aimait
Lui insuffler cette fièvre maligne ?
C’est sa femme qui lui porte la guigne…
Comment ! avoir pour mâle un tel homme

Et ne trouver pour le guérir, pas un atôme