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Page:Verhaeren - Poèmes, t2, 1896.djvu/136

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poèmes


Morne crapaud blotti sous les roses, tout seul !
Si seul ! — morne crapaud pleureur de lune, appelle !
Appelle ! Et vous, petites fleurs, pour le linceuil
De mon cerveau, l’ensevelisseuse vient-elle ?

Être l’errant au monde et le pauvre de soi,
Avec le feu bougeant d’une âme, qui tremblotte
Derrière une main frêle et ballotte son moi ;
Qui tremblotte comme un reflet dans l’eau ballotte.

Passer inconscient et se faire l’ami
De ce qui vole et rampe et fuit, là-bas. Naguère,
Avant que ne sortît du somme, l’endormi,
Le premier homme, on a vu mes pareils sur terre.

Ayez amour pour eux, ayez amour un peu !
Ils sont les charmeurs lents, là-bas, des brises lentes :
Leurs doigts, qui n’ont jamais touché le mauvais feu,
Dansent des airs lointains, sur des flûtes tremblantes :