Aller au contenu

Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
les apparus dans mes chemins


Effrayant effrayé. Il cherchait le chemin
Vers une autre existence éclatée en miracles,
En un désert de rocs illuminés d’oracles,
Où le chêne vivrait, où parlerait l’airain ;

Où tout l’orgueil serait : se vivre, en déploiements
D’effroi sauvage, avec, sur soi, la voix profonde
Et tonnante des Dieux, qui ont tordu le monde
Grand de terreur, sous le froid d’or des firmaments.

Et depuis des mille ans, il luttait, sur la mer,
Bombant à l’horizon les torses de ses voiles,
Toujours, vers les lointains, des plus rouges étoiles
Dont les cristaux sanglants se cassaient dans la mer.