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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/114

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poèmes, iiie série

UN SOIR


En ces heures de soirs et de brumes ployés,
Sur des fleuves partis vers des lointains sans bornes,
Si mornement tristes, contre les quais si mornes,
Luisent encor des flots, comme des yeux broyés.

Comme des yeux broyés luisent des flots encor,
Tandis qu’au bas des vieux poteaux, barrant les havres,
Le choc flasque des détritus et des cadavres
Fait un bruit étouffé, dans un angle du port.

La brume est fauve et nul espoir n’a flamboyé,
La brume en drapeaux morts pend, sur la cité morte ;
Quelque chose s’en va du ciel que l’on emporte
On ne sait où, là-bas, comme un soleil noyé.