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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/171

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les vignes de ma muraille


En quel pays ? On sait à peine.
À les suivre, l’œil s’éblouit.
Nul ne connaît l’ardent récit
De leur vaillance ou de leur peine.

Leur joie est en soleil — et va !
Le temps est court, la clarté brève,
Et là-bas sont les fleurs de rêve
Où tout désir s’objectiva.

À chaque heure de la journée,
Là-bas, au loin, qui ne voudrait
Capter les chimères aux rets
Et susciter sa destinée ?

On y cultive son attrait,
On y cueille, la main ravie,
« L’illusion qui fait la vie »
Et le bouquet de son souhait.

On moissonne « l’espoir suprême »
Mais quand, vers le déclin du jour,
On embarque pour le retour,
La moisson faite est déjà blême.