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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/26

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poèmes, iiie série


Qui longuement, depuis hier soir,
Pour on ne sait quelle pêche nocturne
Ont descendu leur filet noir,
Dans l’eau mauvaise et taciturne.

Au fond de l’eau, sans qu’on les voie
Sont réunis les mauvais sorts
Qui les guettent, comme des proies,
Et qu’ils pêchent, à longs efforts,
Croyant au travail simple et méritoire,
La nuit, sous les brumes contradictoires.

Les minuits durs sonnent là-bas,
À sourds marteaux, sonnent leurs glas,
De tour en tour, les minuits sonnent,
Les minuits durs des nuits d’automne
Les minuits las.

Les pêcheurs noirs n’ont sur la peau
Rien que des loques équivoques ;
Et, dans leur cou, leur vieux chapeau
Répand en eau, goutte après goutte,
La brume toute.