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les villages illusoires

Les feuilles choient sur les chemins
Immensément de bruines trempés,
Comme des mains
Coupées.

Qu’on l’aime ou qu’on l’exècre, elle s’en va
Sur le destin réglant son pas :
Elle est mystère ou certitude,
Selon ses vagues attitudes
Devant la joie ou le tourment ;
Ceux qui voient clair, parmi les choses ignorées,
Vous expliquent comment
Elle serait l’âme de la contrée.

Âme d’entêtement et de mélancolie,
Qui se penche vers des secrets perdus
Et se mire, dans les miroirs fendus
Des vieilles choses abolies.
Âme de soir fumeux ou de matin brumal,
Âme d’amour sournois ou de haine finaude
Qui s’en allant au bien, qui s’en allant au mal,
Y va toujours comme en maraude.