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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/60

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poèmes, iiie série

L’hiver, le froid y fend les pierres,
L’été, pendant les juins, on y entend,
Par le silence haletant,
Vivre la mort, qui germe au fond des bières.

Depuis des temps qu’il ne sait pas,
Le fossoyeur emplit la terre
Des cadavres de sa misère.

Et tous les jours, par les chemins dolents,
Ils arrivent les cercueils blancs ;
Infiniment, ils arrivent vers lui de loin,
Du fond des bourgs, du fond des coins
Perdus, dans la campagne immense ;
lis arrivent, suivis de gens en noir,
À toute heure, jusques au soir,
Et dès l’aube, leurs longs cortèges recommencent.

Le fossoyeur entend des glas,
Tout au lointain, sous les cieux las,
Depuis des temps qu’il ne sait pas.