Aller au contenu

Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

206
l’épave du cynthia.

— C’est inexplicable, répondit le jeune homme en se penchant sur la carte étalée sur le bureau du mort. Je sentais instinctivement, et je l’avais dit, que nous n’étions pas en bonne route. Mais, à mon estime et à celle de tout le monde, nous sommes à trois milles au moins de l’ouest de ce feu — à peu près ici, ajouta-t-il en montrant un point sur la carte —, et vous le voyez, aucun danger n’y est indiqué… ni banc de sable, ni récifs !… La couleur foncée des grandes profondeurs !… C’est inconcevable !… On ne peut pourtant pas supposer une erreur dans une carte de l’amirauté britannique, et sur une région maritime aussi connue, aussi minutieusement relevée depuis des siècles !… Ce qui se passe est absurde comme un cauchemar !

— Ne peut-il y avoir eu erreur sur la position ? N’a-t-on pas pris et ne prend-on pas encore un feu pour un autre ? demanda M. Bredejord.

— C’est à peu près impossible dans un trajet aussi court que le nôtre, depuis notre sortie de Brest ! dit Erik. Songez donc que nous n’avons pas un instant perdu les terres de vue et que nous sommes constamment allés d’un repère à l’autre ! Il faudrait supposer qu’un des feux portés sur la carte n’a pas été allumé, ou qu’un feu supplémentaire a été ajouté — supposer en un mot l’invraisemblable !… Sans compter que cela ne suffirait pas, car notre course a été si régulière, notre loch si soigneusement relevé, qu’il n’y a pour ainsi