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Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/316

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l’épave du cynthia.

près de moitié, et le reste, craquelé par le soleil, traversé de fissures de plus en plus profondes, approchait manifestement de la décomposition. Le moment venait où cette grande île allait se résoudre en « drift-ice ». Erik ne voulut pas l’attendre. Il fit lever l’ancre et mettre le cap droit à l’ouest.

Le lard de morse, immédiatement utilisé dans le foyer ad hoc que portait l’Alaska, concurremment avec une faible proportion de houille, se trouva un combustible excellent. Son seul défaut était d’encrasser la cheminée et de nécessiter un nettoyage quotidien. Quant à son odeur, qui aurait sans doute impressionné désagréablement des passagers méridionaux, elle n’était pour un équipage suédois et norvégien qu’un inconvénient très secondaire.

Toujours est-il que, grâce à ce supplément, l’Alaska put rester sous vapeur jusqu’à la dernière heure, franchir rapidement, malgré les vents contraires, la distance qui le séparait encore des mers d’Europe et arriver, le 5 septembre, en vue du Cap-Nord de Norvège, sans même s’arrêter à Tromsoë, comme il l’aurait pu, en cas de besoin ; il poursuivit activement sa route, contourna la péninsule scandinave, repassa le Skagerrak et revint à son point de départ.

Le 14 septembre, il jetait l’ancre devant Stockholm, dans les eaux mêmes qu’il avait quittées le 10 février précédent.

Ainsi se trouvait accompli, en sept mois et