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Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/57

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à stockholm.

boucles. Un énorme trousseau de clefs retenu par une chaîne d’acier pendait à sa ceinture. Elle portait haut la tête et promenait de tous côtés des yeux vifs et perçants. C’était « fru » (madame) Greta-Maria, la femme de charge du docteur, l’autocrate incontesté de la maison en toutes matières, culinaires et domestiques.

Derrière elle venait une fillette de onze à douze ans, qui apparut aux yeux d’Erik comme une princesse de féerie. Au lieu du costume national, le seul qu’il eût jamais vu porter à une enfant de cet âge, elle avait une robe de velours bleu foncé, sur laquelle ses cheveux jaunes s’étalaient en nappes soyeuses ; elle était chaussée de bas noirs et de souliers de satin ; un nœud de ruban cerise, posé sur sa tête comme un papillon, animait de sa couleur vive une physionomie étrange et pâle, que de grands yeux verts éclairaient de leur rayon phosphorescent.

« Quel bonheur, mon oncle, de vous revoir enfin !…. Avez-vous fait un agréable voyage ? » s’écria-t-elle en se jetant au cou du docteur.

À peine avait-elle daigné abaisser son regard sur Erik, qui se tenait modestement à l’écart.

Le docteur lui rendit ses caresses, donna une poignée de main à la femme de charge, puis il fit signe à son protégé d’avancer.

« Kajsa et vous, dame Greta, je vous demande vos bontés pour Erik Hersebom, que j’amène de Norvège, dit-il. — Et toi, mon garçon, n’aie pas