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Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/102

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— Vraiment, monsieur le reporter, je vous admire !… Il vous faut des incidents…

— Comme il faut des malades au médecin. Vienne une belle et bonne aventure…

— Eh ! monsieur Bombarnac, je crains que vous ne soyez déçu sous ce rapport, s’il est vrai, comme je l’ai entendu dire, que la Compagnie ait traité avec certains chefs de bande…

— Comme cette fameuse administration hellénique avec l’Hadji-Stavros du roman d’About ?…

— Précisément, et qui sait même si, dans son conseil…

— Voilà, par exemple, ce que je ne saurais croire…

— Pourquoi non ? répond le major Noltitz. C’eût été très fin de siècle, ce moyen d’assurer la sécurité des trains pendant la traversée du Céleste-Empire. Dans tous les cas, il est un de ces industriels de grande route qui a voulu garder son indépendance et sa liberté d’action, un certain Ki-Tsang…

— Qu’est-ce que ce Chinois-là ?

— Un audacieux chef de bandes, d’origine mi-chinoise, mi-mongole. Après avoir longtemps exploité le Yunnan, où il a fini par être trop vivement traqué, il s’est transporté dans les provinces du nord. On a même signalé sa présence sur la partie de la Mongolie desservie par le Grand-Transasiatique…

— Eh bien ! voilà un fournisseur de chroniques, comme il m’en faut un !

— Monsieur Bombarnac, les chroniques que vous fournirait ce Ki-Tsang pourraient coûter cher…

— Bah ! major, le XXe Siècle n’est-il pas assez riche pour payer sa gloire ?

— Payer de son argent, oui, mais nous autres, nous paierions de notre existence peut-être ! Heureusement, nos compagnons ne vous ont point entendu parler de la sorte, car ils viendraient en masse demander votre expulsion du train. Donc, soyez prudent, et ne laissez rien voir de vos désirs de chroniqueur en quête d’aventures. Surtout