charge aux employés persans ! Voilà pourquoi Pan-Chao ne pouvait avoir entendu parler du mandarin Yen-Lou, aucun haut personnage de ce nom n’ayant existé dans le Céleste-Empire !
Nous sommes partis à l’heure réglementaire, et, on le pense, nos compagnons de voyage ne parlent plus que de ces millions qui suffiraient à enrichir tout le personnel du train.
« Ce prétendu wagon funéraire m’avait toujours paru suspect, me dit le major Noltitz, et c’est pour cela que j’avais interrogé Pan-Chao au sujet du feu mandarin.
— Je me rappelle, en effet, ai-je répondu, et je n’avais pas compris le motif de votre question. Ce qui est certain, c’est que nous voici maintenant avec un trésor à la remorque…
— Et j’ajoute, reprit le major, que le gouvernement chinois a prudemment fait de lui donner une escorte de vingt hommes bien armés. Depuis Khotan jusqu’à Lan-Tchéou, le train aura deux mille kilomètres de désert à franchir, et la sécurité du railway laisse à désirer à travers le Gobi…
— D’autant plus, major, que, d’après ce que vous m’avez dit, le redoutable Ki-Tsang a été signalé sur les provinces septentrionales du Céleste-Empire…
— En effet, monsieur Bombarnac, et un coup de quinze millions, c’est un beau coup pour un chef de bandits.
— Mais comment ce chef aurait-il pu être informé de l’envoi du trésor impérial ?…
— C’est gens-là savent toujours ce qu’ils ont intérêt à savoir. »
Oui, pensai-je, et bien qu’ils ne lisent pas XXe Siècle !
Et je me sentis rougir en songeant à ma bévue, qui me vaudra certainement les malédictions de Chincholle. Entre temps, divers propos s’échangeaient sur les plates-formes, chacun faisant ses réflexions. L’un préférait voyager avec des millions plutôt que de traîner un cadavre, fût-ce celui d’un mandarin de première classe. L’autre trouvait que le transport d’un tel trésor n’allait point sans quelque danger pour la sécurité des