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Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/238

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l’a fait observer le seigneur Faruskiar, il n’est pas nécessaire de les assujettir solidement. Ce sera la tâche des ouvriers que la Compagnie enverra de Tcharkalyk, lorsque le train aura atteint cette station, l’une des plus importantes de la ligne.

Comme ces rails sont assez lourds, nous nous divisons par escouades. Voyageurs de première et de seconde classe, tous y vont de bon cœur. Le baron déploie une ardeur sans égale. Fulk Ephrinell, qui ne pense pas plus à son mariage que s’il n’avait jamais dû se marier — les affaires avant tout — se met en quatre. Pan-Chao ne le cède à personne, et le docteur Tio-King lui-même cherche à se rendre utile… à la façon du célèbre Auguste, cette mouche du coche des cirques forains.

Diable ! il est chaud, le soleil du Gobi, — ce « chef de rayons » ! dit volontiers M. Caterna.

Seul, sir Francis Trevellyan, de Trevellyan-Hall, reste tranquillement au fond de son wagon. Rien de tout cela ne peut le regarder, ce gentleman.

À sept heures, la voie est rétablie sur une trentaine de mètres. La nuit ne va pas tarder à venir. On décide de se reposer jusqu’au lendemain. Une demi-journée suffira à terminer le travail, et le train pourra repartir dans l’après-midi.

Nous avons un furieux besoin de manger et de dormir. Après une si rude besogne, quel rude appétit ! On se réunit au dining-car, les uns suivant les autres, sans distinction de classes. Les vivres ne manquent pas, et une large brèche est faite aux réserves des offices. Qu’importe ! on renouvellera les provisions à Tcharkalyk.

M. Caterna est particulièrement gai, dispos, loquace, boute-en-train, facétieux, communicatif, débordant. Au dessert, voici que Mme Caterna et lui entonnent le morceau — en situation, — du Voyage en Chine, que nous reprenons avec plus de vigueur que d’ensemble :

« La Chine est un pays charmant,
Qui doit vous plaire assurément… »