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Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/299

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Dragon-Vert quelconque, Mme Caterna prend les mains de Zinca Klork, elle l’attire sur son cœur, elle l’embrasse… elle l’embrasse sans pouvoir retenir ses larmes de dugazon, des premières amoureuses au besoin… Songez donc, un roman d’amour interrompu au chapitre final…

Mais allons au plus pressé, et, comme le crie M. Caterna : « Tout le monde en scène pour le cinq ! » — ce cinquième acte, où les drames se dénouent d’habitude.

« Nous ne pouvons laisser condamner ce brave garçon ! dit le major Noltitz. Il faut nous rendre chez le directeur du Grand-Transasiatique, et quand il connaîtra les faits, il sera le premier à empêcher les poursuites.

— Sans doute, ai-je dit, car on ne peut nier que Kinko ait sauvé avec le train tous les voyageurs…

— Sans parler du trésor impérial, ajoute M. Caterna, les millions de Sa Majesté !

— Rien de plus vrai, dit Pan-Chao. Par malheur, Kinko est tombé entre les mains de la police, on l’a conduit en prison, et il est bien difficile de sortir d’une prison chinoise !

— Hâtons-nous, ai-je répondu, et courons chez le directeur de la Compagnie.

— Voyons, dit Mme Caterna, est-ce qu’on ne pourrait pas se cotiser pour rembourser le prix de la place ?…

— Cette proposition t’honore, Caroline ! s’écrie le trial en portant la main à son gousset.

— Messieurs, messieurs, répond Zinca Klork, dont les jolis yeux sont baignés de larmes, sauvez mon fiancé avant qu’il ait été condamné…

— Oui, ma mignonne, réplique Mme Caterna, oui, mon cœur, on le sauvera, votre fiancé, et, s’il faut donner une représentation à son bénéfice…

— Bravo, Caroline, bravo ! » s’écrie M. Caterna qui applaudit avec la vigueur d’un sous-chef de claque.