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Page:Verne - Face au drapeau, Hetzel, 1915.djvu/104

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face au drapeau.

la pleine mer. Si c’est un navire à voiles, il aura dû attendre que la brise s’établisse, — cette brise qui vient de terre au lever du jour et favorise la navigation sur le Pamplico-Sound. Il est vrai, si c’est un bateau à vapeur…

Non !… À bord d’un steamer se propagent inévitablement des exhalaisons de houille, de graisses, des odeurs échappées des chambres de chauffe qui seraient arrivées jusqu’à moi… Et puis, les mouvements de l’hélice ou des aubes, les trépidations des machines, les à-coups des pistons, je les eusse ressentis…

En somme, le mieux est de patienter. Demain seulement, je serai extrait de ce trou. D’ailleurs, si l’on ne me rend pas la liberté, on m’apportera quelque nourriture. Quelle apparence y a-t-il que l’on veuille me laisser mourir de faim ?… Il eût été plus expéditif de m’envoyer au fond de la rivière et de ne point m’embarquer… Une fois au large, qu’y a-t-il à craindre de moi ?… Ma voix ne pourra plus se faire entendre… Quant à mes réclamations, inutiles, à mes récriminations, plus inutiles encore !

Et puis, que suis-je pour les auteurs de cet