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Page:Verne - Face au drapeau, Hetzel, 1915.djvu/207

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ker karraje.

Ce nom me fut jeté d’une voix dure, et l’ingénieur Serkö est parti sans que j’aie eu la pensée de le retenir.

Le pirate Ker Karraje !

Oui !… Ce nom est toute une révélation pour moi !… Ce nom, je le connais, et quels souvenirs il évoque !… Il m’explique, à lui seul, ce que je regardais comme inexplicable ! Il me dit quel est l’homme entre les mains duquel je suis tombé !…

Avec ce que je savais déjà, avec ce que j’ai appris depuis mon arrivée à Back-Cup de la bouche même de l’ingénieur Serkö, voici ce qu’il m’est loisible de raconter sur le passé et le présent de ce Ker Karraje.

Il y a de cela huit à neuf ans, les mers de l’Ouest-Pacifique furent désolées par des attentats sans nombre, des faits de piraterie, qui s’accomplissaient avec une rare audace. À cette époque, une bande de malfaiteurs de diverses origines, déserteurs des contingents coloniaux, échappés des pénitenciers, matelots ayant abandonné leurs navires, opérait sous un chef redoutable. Le noyau de cette bande s’était d’abord formé de ces gens, rebut des populations européenne et américaine,