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Page:Verne - Face au drapeau, Hetzel, 1915.djvu/51

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face au drapeau.

C’était une bouée de petit modèle, tremblotant au clapotis du jusant de la Neuze.

La nuit tombait peu à peu. Vers la rive gauche de la sinueuse rivière, l’indécise silhouette de New-Berne commençait à se fondre. Les maisons se découpaient en noir sur un horizon encore barré d’une longue raie de feu au rebord des nuages de l’ouest. À l’opposé, le ciel s’estompait de quelques vapeurs épaisses. Mais il ne semblait pas que la pluie fût à craindre, et ces vapeurs se maintenaient dans les hautes zones du ciel.

Vers sept heures, les premières lumières de New-Berne scintillèrent aux divers étages des maisons, tandis que les lueurs des bas quartiers se reflétaient en longs zigzags, vacillant à peine au-dessous des rives, car la brise mollissait avec le soir. Les barques de pêche remontaient doucement en regagnant les criques du port, les unes cherchant un dernier souffle avec leurs voiles distendues, les autres mues par leurs avirons dont le coup sec et rythmé se propageait au loin. Deux steamers passèrent en lançant des jets d’étincelles par leur double cheminée couronnée de fumée noirâtre, battant les eaux de leurs puissantes